Sur les traces du passé

Les Gaulois prirent chez nous le nom de Pictons, marin, agriculteurs, ils menaient paître leurs troupeaux de porcs dans les immenses forêts de chêne. Leur religion était celle des Druides, chaque année ils célébraient leur grande fête au printemps. Dans la forêt, ils dressaient leurs autels, vêtus de blanc, munis de faucille d’or, ils coupaient le gui des chênes recueilli par des « dornes » suspendus aux branches. Spectacle qui ne devait pas manquer de charme, avec nos jonquilles d’or, notre forêt serait féérique !...sans oublier les crécelles dites Emouchets.

Notre commune située près du Golfe des Pictons se compte parmi les 17 lampes s’échelonnant sur son littoral. Ces lampes ou phares construites près des bords de la mer ou sur des points élevés des côtes  servaient à l’entretien des feux allumés pendant la nuit et de repères aux navigateurs, en les avertissant d’un passage difficile d’une rade ou d’un port. La lampe de chez nous dite « Lampe au moulin » sur la route de Luçon se trouvait à 20 mètres d’altitude et à 3 km 500 de la mer. La rue de la Lampe serait elle en souvenir de cette époque ? Probablement…

Les Pictons et autres peuplades envahissant ces terres, ont fourni un travail immense en construisant les premières écluses, déjà au Xe et XIe siècles ; leur nombre était considérable. C’est à leur exemple que les moines s’appliquèrent à exploiter et à coloniser ce marais sauvage « le nôtre ».

Moreilles-Chavigny, abbaye bien connue de nous tous.

Moreilles, fondée vers le XIe siècle par les bénédictins, devint propriétaire de Chavigny à l’occasion d’un don du Seigneur de Sainte Gemme en 1152. Ils en firent une grange, c'est-à-dire lieu où les moines travaillaient, mais n’y couchaient pas. Elle fut transformée en logis abbatial au début du XVIIIe siècle.

Au XVIe siècle, les Guerres de religion dévastaient le pays. Un de nos ancêtres, le farouche Lancelot du Bouchet, seigneur de Ste Gemme, saccagea en 1562, à la tête des bandes huguenotes du Bas Poitou, les églises et monastères de Poitiers, après avoir fait subir le même sort à toutes celles du voisinage de sa seigneurie. L’écusson de sa famille « D’hermine papillonné de gueules, placé par ses aïeux en plusieurs endroits de l’église paroissiale de Ste Gemme, la préserva de la dévastation.

Il se livra, le 15 Juin 1570, à la Vallée-Ayrauld, située à mi-chemin entre Ste Gemme et Luçon, à un combat très vif, où les troupes protestantes de la Noue battirent les  catholiques commandés par Puy-Gaillard.

La commune a vu disparaître il y a des années, les derniers restes du château des Du Bouchet. Les fossés eux-mêmes ont été comblés. Une tour plus ancienne s’élevait, au moyen-âge, à côté de l’église. Elle a été remplacée par une petite gentilhommière du XVIe siècle, appelée Forteresse.

Nous devons également nous souvenir d’un grand écrivain, combattant et découvreur qu’était Lancelot du voisin, sieur de la Popellinière.

La mer essayait de reprendre ses droits, les durs travaux des moines s’affaissaient peu à peu, mais enfin leur détresse fut entendue par Sully, gouverneur du Poitou. Henri IV ayant établi son quartier général à Marans, fut contacté de suite par son ministre et obtint l’autorisation d’y rétablir l’ordre et la prospérité. De ce fait, la grande œuvre de dessèchement réalisée par les moines fut reprise et creusée.  «La ceinture des Hollandais» : Sully fait appel à la Hollande, pays analogue au nôtre, connaissant la lutte contre les eaux, l’ingénieur Hamfray Barclay arrive en France avec toute une équipe de spécialistes, d’où le nom de ce nouveau canal, anciennement « chenal du Roy».

Ste Gemme fut aussi secouée au XVIIIe siècle au cours des Guerres de Vendée pendant la Révolution Française. Le 14 Août 1793 eût lieu la bataille de Luçon, opposant l’Armée catholique et royale (nom donné aux insurgés vendéens pendant les Guerres de Vendée) à l’armée républicaine. Les combats se déroulèrent dans les bois de Ste Gemme et dans sa plaine. Episode tragique qui fit 5000 victimes…

Le temps continua de s’écouler et Ste Gemme eut ses Seigneurs, ses Chevaliers, ses écrivains, ses historiens, ses maires,…

Elle connut aussi transformations et innovations : l’ancien cimetière s’est transformé en terrain de sport puis en magnifique place de vie, l’église s’est refait une beauté et est aujourd’hui éclatante, les lotissements se sont greffés peu à peu au centre bourg et le monde de l’entreprise s’est développé…

Les plus anciens peuvent témoigner de ces changements physiques de notre commune mais aussi des modes de vie. Quant aux plus jeunes ils sont notre avenir et ils sont les prochains témoins de l’évolution de notre village. Ils écriront à leur tour les pages d’histoire du bulletin municipal ou de ce site en recueillant anecdotes, souvenirs et écrits des anciennes générations.

Se souvenir du passé, vivre le moment présent et préparer l'avenir ! Il faut beaucoup d'entraînement pour maîtriser le temps... qui passe à pas de géants.